L’hypothèse de base du Good Lives Model (GLM) ?

Les humains sont des agents intentionnels qui s’efforcent de répondre à leurs besoins dans un environnement particulier. Cette hypothèse, qui insiste dès lors sur les ressources de la personne, son apprentissage, son adaptation, ses besoins, en fait un exemple réhabilitatif d’une criminologie fondée sur la confiance. Le GLM est par nature un modèle basé sur l’agency, c’est-à-dire une approche compréhensive centrée sur les mécanismes d’action de l’individu (Modèle global de l’Agency, dit PAM). Pour cela, il est nécessaire de prendre en compte les éléments criminogènes de la situation du sujet (les facteurs de risque dynamiques -FRD- et les facteurs de protection).

Eléments issus de l’article suivant:
E. Dieu, E. Zinsstag, T. Ward, L. Walgrave, M. Schuilenburg, R. Heffermann, J. Lievens, S. Al Joboory, M. Barnao, N. Henrard, C. Mormont, S. Corneille, D.S. Prescott, G.M. Willis, A. Hirschelmann. Criminologie de la confiance et Good Lives Model (GLM). Revue Internationale de Criminologie et de Police Technique et Scientifique, in press, 2021.

Mais d’où vient le Good Lives Model (GLM) ?

Le GLM a été développé sous l’impulsion des critiques formulées au modèle du risque en criminologie (RBR de Andrews et Bonta, 2010) (Ward, et al., 2007, 2012).
En 2010, l’approche positive « Good Lives » représentait déjà 30 % des programmes de traitement nord-américains, soit un succès rapide (McGrath, et al., 2010). Aujourd’hui, il est possible de voir dans le GLM une alternative ou un complément au RBR (Wilson et Yates 2009 ; Barnett et al., 2014 ; Harkins et al. 2012 ; Willis, et al., 2013). Le GLM propose une hypothèse fondamentale, positive, celle du bien-être du délinquant, afin qu’il puisse développer des vies prosociales pouvant finalement contribuer à la réduction de la récidive.

Pourquoi le Good Lives Model (GLM) ?

Pour Ward et Gannon (2006), il faut réviser nos facteurs d’intervention en criminologie. Ils proposent un accompagnement plus holistique, orienté vers les compétences dans l’objectif d’une vie harmonieuse à l’image de la psychologie positive (Ward, et al., 2004 ; Ward et Maruna, 2007 ; Ward, et al. 2012 ; Gannon et Ward, 2014 ; Ward et Fortune, 2016). Selon cette lecture, le sujet est un acteur qui cherche à s’autoréguler en répondant à ses besoins fondamentaux de manière fonctionnelle (Dieu, 2020). L’infraction est alors un moyen pour le sujet de répondre à ses besoins (Ward et Stewart, 2003), à travers diverses trajectoires qui connaissent des vécus émotionnels propres.

L’approche du Good Lives Model (GLM) ?

Le but du GLM est la promotion des besoins primaires, qui, une fois satisfaits, permettent d’améliorer le bien-être psychologique de la personne (Ward et Brown, 2004). Les priorités données à ces besoins reflètent les valeurs de la vie et l’identité personnelle de la personne. Puisque la sortie de délinquance est fonction d’un processus personnel, elle renvoie à l’individuation de la personne dans un Plan de Vie de construction d’une identité personnelle éloignée de l’identité délinquantielle. Les besoins primaires sont les aspects personnels du sujet, de ce qui le constitue, ses activités et apprentissages, cherchant le bien-être du sujet. Les moyens secondaires sont des accès /comportements permettant au sujet d’atteindre ses besoins primaires. L’objectif du suivi revient à interroger l’individu sur ce qu’il considère être son modèle de bonne vie, les objectifs fondamentaux qu’il cherche à atteindre dans sa quête d’une vie épanouissante, ainsi que les moyens qu’il emploie pour y accéder.

Eléments issus de l’article suivant: Heffernan, R., Ward, T., Dieu, E., Lievens, J. Réhabilitation positive : quelle conceptualisation du cas et du plan de suivi ? In dossier : « Criminologie de la confiance et Good Lives Model (GLM) » dirigé par E. Dieu, E. Zinsstag, T. Ward. Revue Internationale de Criminologie et de Police Technique et Scientifique, in press, 2021.